Fort du Ha

Documents Officiels
  Bercovici Lazare arrêté en passant la ligne de démarcation de la zone sud (Toulouse) vers la zone occupée depuis juillet 1940, emprisonné le (date à préciser d'août ou septembre 1941) au Fort du Hâ (probablement dans le quartier français), région de Bordeaux.  A dix huit ans, réfugié en zone sud à Toulouse avec ses frères, il avait voulu remonter à Paris à l'occasion du mariage de sa sœur Simone. Il a raconté qu'il avait sur lui deux papiers compromettants sur l'appel du 18 juin 1940 et sur le pacte germano-soviétique. Se voyant pris, il avait eut le temps d'avaler le premier.

Prévenue, sa famille essaie d'intervenir.

Conseillée par l'avocat chez qui elle travaille comme secrétaire, sa sœur Lucienne rédige une lettre au nom de son père pour prendre contact avec un avocat de Bordeaux, Maître Kappelhoff-Lançon, pour assurer la défense de Lazare. (ou bien était-il commis d'office ? )

Les 3 documents ci-dessous sont des doubles (par copie-carbonne) de 2 lettres reçues de cet avocat, la première du 11 septembre 1941, attestant de sa prise en charge dudossier, la deuxième du 1er octobre de la même année parlant d'une condamnation à laquelle il a été opportun de ne pas faire appel. Curieusement, la lettre indique « il sortira de prison le » et ne termine pas la phrase.

Le 3 ème document est un double de la lettre adressée au nom de son père, Joseph Bercovici, demandant à l'avocat (« Mon cher Maître ») de bien vouloir préciser cette date de libération.

Sa sœur Janine, malgré les risques (elle n'a pas la nationalité française), va lui rendre visite en prison. Il sera libéré peu de temps après, mais restera très marqué par cette épreuve. Il avait, au moment de son arrestation, éprouvé un trouble psychologique qui témoignait de son stress, celui d'avoir déjà vécu les événements qu'il était en train de vivre.

Ses angoisses étaient fondées : en octobre, parmi ses co-détenus, 15 prisonniers ont été pris comme otages, emmenés au camp de Souge et fusillés. Un peu plus tard, de nombreux Juifs furent également détenus au fort du Hâ avant leur transfert pour le camp de Drancy et leur déportation pour les camps d'extermination de Pologne.

Maître Henri Kappelhoff-Lançon a rendu compte de cette « juridiction étrangère »  : 
Une juridiction étrangère en France : l’Occupation  Kappelhoff-Lançon, Henri   p.191 

In  Actes de l’Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux 5ième série – Tome 06 – 

Informations à complèter : dates d'arrestation et de libération, circonstances de l'arrestation...

 

 

 

Le « Fort du Hâ » (Bordeaux)

Cet ancien palais du duc de Guyenne au XVe siècle, transformé en prison en 1790, est toujours un lieu de détention lors de l’arrivée des troupes d’occupation à Bordeaux en 1940. Les nazis vont réquisitionner les trois-quarts des locaux pour y enfermer les résistants. Ce « quartier allemand », placé sous leur seule responsabilité, sera isolé par un mur de brique du reste de la prison. Le « quartier français », lui, reçoit les détenus de droit commun et les détenus politiques arrêtés par la police de Vichy. (Cf. Sur le site de l'Association du Souvenir des Fusillés de Souge
<http://www.fusilles-souge.asso.fr/en-savoir-plus-fusilles-souge/lieux-internement/>)

Le Fort du Ha servait de réservoir d'otages qui pouvaient être transférés au camp militaires de Souge et fusillés. Le camp de Souge, situé en Gironde, sur la commune de Martignas-sur-Jalle, non loin de Bordeaux, fut l’un des principaux sites d’exécution des condamnés à mort et des otages par les Allemands. Ils furent 256 à tomber sous les balles des pelotons.

Pour tenter d’enrayer le phénomène d’agressions contre les soldats allemands, les nazis mettent en place en octobre 1941 à Bordeaux « la politique des otages ». Le 23 octobre, Lerein Pierre Jean 19 ans est fusillé, Le 24 octobre 50 sont fusillés à Souge, sur la base de listes alimentées par la police de Vichy et fixées par les Allemands (comprenant des communistes essentiellement et des gaullistes). 35 étaient des internés communistes du camp de Mérignac, 15 étaient détenus au Fort du Hâ et interpellés pour actions de résistance ou pour avoir tenté de traverser la ligne de démarcation et/ou de rejoindre Londres.

(cf <http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/spip.php?article186036>)